De la convivialité…

C'est à Brillat-Savarin que l'on doit le terme de convivialité. Dans la Physiologie du goût, la bible des Epicuriens, il crée ce néologisme pour décrire la capacité des Hommes à vivre ensemble en favorisant les échanges réciproques.

Le fin gastronome ajoute quelques éléments; La nourriture, le vin, l'esprit. Il parle aussi de la table, ce meuble qu'il considère comme le plus important d'une maison.

Longtemps fermées, reléguées dans des angles discrets, les cuisines s'ouvrent enfin. La préparation des aliments participe à créer un climat convivial, même les chefs les plus réputés l'ont bien compris, eux qui installent leur meilleure table, celle des amis, au sein même de leur antre.

En architecture, la notion de convivialité est rarement prioritaire, hélas. Les cuisines modernes ressemblent plus à des laboratoires d'analyses qu'à des lieux de vie. Programmation, écrans tactiles, minuteries..., de quoi canaliser l'essence même de la gastronomie, la spontanéité.

Si l'un des rôle principaux des parents est dit-on de créer des souvenirs à leurs enfants, le rôle des bâtisseurs devrait être de permettre à leurs clients le développement de liens sociaux au travers d'un habitat adapté.

Chez nous, les projets sont élaborés avec la convivialité comme élément déterminant, servis par des matières nobles; La pierre, le bois, le fer.

Je vous décris cette cuisine idéale:

Spacieuse, agencée autour d'un fourneau Lacanche, meublée d'objets chargés d'histoire et d'une table sans fin. Du plafond pendent des chapelets de piments des oignons de Roscoff et quelques charcuteries. Un agneau de prés salés se dore dans le four tandis que mijotent de petits légumes de saison. On disserte autour de flacons choisis, de l'esprit de Vatel ou de Taillevent.

On cite une fois encore Brillat-Savarin: "Convier quelqu'un, c'est se charger de son bonheur tout le temps qu'il passe à notre table".

Brillat-Savarin